lundi 4 janvier 2016

Heureux les heureux de Yasmina Reza


Je n'avais jamais lu Yasmina Reza avant ce livre.
Auteure de théâtre reconnue, je n'ai jamais vu de mise en scène de ses pièces. Je vais peu au théâtre.
La dernière pièce que j'ai vu date d'il y a environ un an et sincèrement,  j'en garde le vague souvenir d'une pochade un peu lourde.

J'ai pris ce livre sans le feuilleter, le titre m'a plu, il m'a fait penser au verset de Matthieu "Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux... Heureux les affligés, car ils seront consolés..." j''y projetais une contradiction entre des personnages contemporains en quête de sens et la révélation d'un royaume vide. Mais j'étais un peu à côté du Schmilblick, l'auteure a mis en exergue un 'avertissement de Jorge Luis Borges, pour nous guider, «Heureux les aimés et les aimants et ceux qui peuvent se passer de l'amour. Heureux les heureux.»


Il s'agit ici d'un roman mais j'ai eu du mal à le définir comme tel.
Il s'agit plutôt d'une galerie de portraits mettant en scène différents personnages évoluant dans leurs quotidien, ils se connaissent ou pas et sont reliés les uns aux autres par des liens officiels ou officieux. Les points de vue énoncés à la première personne sont alternés et tressent une trame sociale dans laquelle l'auteure nous balade, nous mettant dans une position de témoin et n'hésitant pas à jouer avec notre voyeurisme ou nos répugnances.

Je dirais que le milieu social décrit est la bourgeoisie parisienne où chacun est tour à tour, père, mari ou amant, mère, femme ou maîtresse, journaliste ou amant, secrétaire médicale ou amante, médecin de la mère, ami du mari, ami de de l'amant, ami de la maîtresse... Ces personnages sont à la fois sympathiques, pathétiques et bien souvent détestables. 21 portraits, 18 personnages.
Mensonges, névroses, bassesses, trahisons, infidélités, mort... Tout ce petit monde m'a filé le bourdon.
L'espoir s'est cassé pour laisser la place à une immense solitude, au cynisme et aux désillusions. Le royaume est donc bien vide.

La structure est assez originale, les états d'âmes de chacun sont livrés sans détour dans un style simple et des chapitres courts. Un phrasé sec, percutant, et une absence d'ornements dévoilent bien toute la cruauté de ces humains trop humains. C'est un texte bien taillé, un travail honnête dans lequel le plaisir de lecture est présent mais auquel, selon moi,  il manque une âme; un petit truc qui fait toute la différence. En effet, le procédé littéraire est maîtrisé mais je le trouve trop apparent, trop prévisible, à mon goût, du coup, il a tendance à  un peu trop l'emporter sur le fond.

Paru en 2013, ce livre a reçu de nombreuses critiques élogieuses de la part des médias, il ne restera cependant pas mémorable pour moi qu'importe ce qu'en a dit le Monde ou Marie-Claire qui lui ont décerné chacun un prix littéraire.
Cependant, si j'en ai l'occasion j'irai voir une pièce de Yasmina Reza pour mieux découvrir son univers.

Et toi, tu l'as lu ? T'en as pensé quoi ?

Yasmina Reza
Heureux les heureux
176 p. Folio.



 




2 commentaires:

  1. Bonjour Souad,
    Ah oui joli titre ! Ce que tu décris me fait un peu penser aux microfictions de Régis Jauffret, que je trouve assez désespérantes également ; en revanche, stylistiquement, c'est virtuose... Je n'ai jamais lu Yasmina Reza, un de ces jours peut-être ;)

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    1. Bonjour Sophie !

      merci pour ton commentaire. Je n'ai pas lu les microfictions de Jauffret mais si c'est dans le même esprit que ce texte de yasmina Reza ça ne me motive pas trop. Un jour peut-être :-) J'ai besoin de souffle, d'âme. Le style qui me touche n'est pas une mécanique froide et rodée. Et puis, je crois que j'en ai assez de lire les égoïstes atermoiements amoureux et la désespérance d'une bourgeoisie en mal de sensations. Belle soirée Sophie.

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